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Une petite histoire des guerriers samouraïs.

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Esus


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MessageSujet: Une petite histoire des guerriers samouraïs. Une petite histoire des guerriers samouraïs. Horlog10Mer 20 Jan 2016 - 20:51

Dans le magazine : Guerre et histoire (Science et vie), celui de juin 2014, nous avons un ensemble d’articles sur les samouraïs. Cela fait un moment que je voulais pondre quelque chose sur la question, mais je pensais le faire à partir de livres et je n’ai jamais eu le temps. Je passe donc par certains des articles pour résumer les idées principales, idées que je voulais partager avec vous.
 
I) Sept siècles d’évolution.
 
Si l’on demande à un bon occidental de derrière les fagots : « peux-tu me dessiner un samouraï ? », voilà à quoi il faut s’attendre : un cavalier avec armure lourde et katana. L’occidental pouvant aussi nous décrire un fantassin. L’occidental, via des images de films ou de jeux vidéos, pensera à des batailles rangées, avec des centaines ou des milliers de soldats s’affrontant jusqu’à la mort.
 
Toutefois, en sept siècles d’existence, les samouraïs ont connu maints changements. Mais lesquels ? On différencie trois grandes époques concernant les samouraïs : l’archer monté, le cavalier de choc et le capitaine des « mousquetaires ».
 
A) Des origines jusqu’au XIIIème siècle AP J.-C.
 
L’origine des samouraïs est lointaine. Si l’on remonte le temps jusqu’au IVème siècle de notre ère (période dite Yamato pour le Japon, 250 – 710), le pays est sous influence chinoise. Ne pensez pas qu’il y a occupation du Japon par la Chine, l’influence est avant culturelle (écriture), religieuse et politique (le Japon adopte le modèle chinois).
 
 
En cette époque, l’armée impériale, encore très faible, est composée de fantassins qui sont recrutés dans les villages. Tous les adultes de 20 à 59 ans sont potentiellement mobilisables. On peut supposer que cela concerne essentiellement de jeunes gens, l’espérance de vie étant plus faible qu’aujourd’hui.
 
On assiste à une première révolution militaire au Japon après une expédition chinoise en Corée. En 400 après J.-C., une armée chinoise se fait annihiler par l’armée du royaume de Koguryo. La raison de la victoire du royaume coréen étant ses cavaliers, alors que l’armée chinoise n’en avait aucun. L’importation d’unités montées au Japon se fait par la Chine, grâce aux Wa, une ethnie chinoise qui retient la dure leçon de cette défaite.
 
Nous assistons ici à une première évolution tactique et guerrière. Les troupes impériales mènent une guerre terrible contre les Emishi. Ce terme, ne nous est pas inconnu. En effet, dans Princesse Mononoké de Miyazaki, le héros est un Emishi. Ce terme désigne les tribus autochtones du Nord-Est et qui sont insoumises au pouvoir impérial. Les Emishi descendent sans doute de la première vague de migration humaine dans l’archipel, bien avant que des mongoloïdes ne viennent s’y installer (et qui donnent après des siècles les Japonais d’aujourd’hui). Toutefois, en cette époque, les Emishi étaient encore dans le centre du Japon. Ceux-ci avaient des troupes d’archers montés, ils sont rapides, insaisissables et parfaits pour mener des embuscades, des raids, déborder l’adversaire etc.
 
L’Empire adopte les méthodes de combat des Emishi tout an améliorant son propre appareil militaire. Vers 730, l’empereur met en place un système qui perdurera plusieurs siècles tout en se perfectionnant au grès des siècles : en échange de leur service armé, l’empereur accorde des droits aux différents clans qui contrôlent les terres les plus éloignées de Kyoto. Ce système fonctionne, les clans se structurent autour de guerriers qui deviennent des professionnels. Ils repoussent les Emishi, certains se soumettent. Nous sommes maintenant au IXème siècle de notre ère. Ces guerriers professionnels que l’on nomme tsuwamono ou bushi, sont les premiers samouraïs.
 
Le terme de samouraïs est un dérivé du verbe saburau. Ce verbe signifie servir. Il désigne au début les gardes des demeures des nobles.
 
Rapidement, les clans en profitent pour s’affranchir du pouvoir central (et donc de l’empereur). En effet, ces clans qui ont gagné du prestige en plus de s’enrichir. Comme pour le Moyen-âge occidental, la richesse première est la terre et ce qu’elle produit. Les clans commencent à connaître des rivalités et des conflits.
 
Les samouraïs de ce temps là, appartiennent à une maison (un ie). Le samouraï est protégé par une armure (un dô), il est entouré de suivants qui sont aussi protégés par des armures (mais plus rudimentaires que le dô).
 
Jusqu’aux XIIIème – XIVème siècles, les armées japonaises ne sont que des rassemblent de ie. Cela rassemble que centaines ou milliers d’hommes, combattant en petits groupes. Les combats suivent une sorte de rituel :
 
- les troupes à pied, qui sont les suivants des samouraïs et que l’on nomme aussi des ashigaru, prennent place derrière de grands panneaux de bois qui doivent les protéger des flèches ;
 
- les samouraïs sortent de derrière ces panneaux de bois et s’en vont défier ceux du camp adversaire (on donne son identité, ses exploits etc) ;
 
- quand un adversaire répond à la provocation d’un samouraï du camp ennemi, on assiste alors à un duel. Il y a très peu de corps à corps. Les duels se suivent. On assiste à des duels d’archers à cheval, chacun démontre son savoir faire dans ce domaine. En général, le duel se termine par un retrait et non une mise à mort. Le retrait s’obtient par l’élaboration d’un accord, qui permet au vainqueur de remporter gros (terres, riz, soieries etc).
 
B) Du XIIIème au XVIème siècle, le sabre et la lance.
 
Un conflit terrible, qui oppose les clans Taira et Minamoto, permet au système du shogunat d’émerger. Les samouraïs s’imposent comme les maîtres de l’archipel, l’empereur est relégué à un rôle purement religieux.
 
Durant cette époque, les samouraïs vont établir d’eux-mêmes leur légende, via une littérature abondante. Dans les premiers récits, et donc les plus anciens, l’arc est l’arme principale. Les références au sabre sont très rares.
 
Le changement, une fois encore, vient de l’extérieur du Japon. En 1274, une terrible invasion de mongols, chinois et coréens touche le Japon. Des milliers d’ennemis débarquent alors sous les ordres de Kubilaï Khan (petit-fils du célèbre Gengis Khan et fondateur de la dynastie chinoise des Yuan). Kubilaï Khan vient pour soumettre le Japon qui refuse de payer un tribut au souverain Mongol. Au départ, tout va mal pour les samouraïs qui continuent à utiliser leur manière de combattre (archers montés, défis, duels etc). Face à un ennemi qui n’utilise pas cette manière de faire la guerre, on imagine sans mal le résultat. Face à une demande de duel, les ennemis se précipitent tous et attaquent ensemble. On peut ajouter l’usage d’un armement non employé au Japon : catapultes et explosifs incendiaires.
 
Le Japon ne doit son salut qu’à une tempête qui disperse la flotte ennemie. Les attaquants quittent le Japon, ce dernier reste libre et sans tribut. Quelques années plus tard, en 1281, Kubilaï Khan envoie une armée encore plus puissante que la première, toujours pour soumettre le Japon.
 
L’erreur de Kubilaï Khan étant de faire débarquer sa deuxième armée sur le même site que la première. Les Japonais ont fortifié la zone : mur (comprendre rempart), fossés avec des pointes et autres obstacles sont autant de surprises pour l’assaillant. Lors des combats, et à cause des obstacles, les samouraïs doivent combattre à pied avec les simples soldats. Mais cela ne va pas déranger. Les samouraïs commencent les festivités par un harcèlement des navires mongols. Les samouraïs sont sur des barques, ils utilisent les sabres. Ces derniers découpent avec une aisance particulière les brigandines (vestes de cuir renforcées portées par les soldats mongols).
 
Logiquement, les Mongols devaient l’emporter grâce à leur supériorité numérique. Mais une nouvelle tempête aura raison de l’ennemi, la flotte d’invasion est annihilée.
 
1274 et 1281 prouvent que les anciennes tactiques ne sont plus adaptées, surtout pour protéger le pays d’attaques continentales. Peu à peu, les archers montés disparaissent. Ils sont remplacés par des cavaliers lourdement armés et protégés. Ces derniers sont armés de sabres mais aussi et surtout des yari (lances de bois de trois mètres de long).
 
Les duels laissent placent à de nouvelles tactiques de combat. Les cavaliers lourds s’entraînent à charger en groupe, sur les flancs des fantassins et les samouraïs apprennent l’art du combat à pied.
 
Le Japon est aussi touché par la guerre d’Onin, une guerre civile qui ravage le pays de 1467 à 1477. Lors de ce conflit, les ashigaru, qui étaient avant tout des figurants auxiliaires, prennent un rôle central dans la guerre. Le recrutement est régional et l’on apprend aux ashigaru le maniement de la pique. Peut être, à cet instant, les lecteurs vont se dire « qu’importe, les ashigaru ne peuvent pas surpasser les cavaliers lourds ». Et bien non. L’usage de piques est efficace contre la cavalerie, surtout la cavalerie lourde. Les exemples se multiplient dans l’histoire. En 1467, Hatakeyama Masanaga, est à la tête d’une troupe de 2000 fantassins. Avec cette troupe, il écrase une armée composée de 6000 à 7000 cavaliers (dont des samouraïs).
 
L’avantage principal des ashigaru est la levée en masse de troupes. On en lève beaucoup, de plus en plus car la démographie augmente considérablement.
 
Arme blanche, discipline collective, cavalerie lourde et infanterie de masse. Adieu les duels et vive les sanglantes mêlées dans lesquels les membres volent et le sang chaud s’écoulent sur la terre.
 
Lances et piques sont les armes principales, pas les sabres. Si au XIVème siècle, lances et piques ne sont responsables que de 7% des blessures, on passe à 74% pour le XVème siècle et 98% vers 1600.
 
Lances, piques et sabres ont remplacé les arcs qui ne sont presque plus utilisés. Toutefois, en ce XVIème siècle, un nouveau changement est sur le point de survenir.
 
C) Du XVIème au XVIIème siècle, l’arquebuse.
 
On date généralement de 1543 le premier contact Europe/Japon (sans certitude absolue). Dès la première rencontre entre l’équipage d’un navire portugais et un seigneur de guerre japonais, une nouvelle arme fait son entrée au Japon : l’arquebuse. Le capitaine du navire vend donc des arquebuses à un dénommé Shimazu Tokitaka. Ce dernier, qui a assisté au maniement de l’arme par les Portugais, comprend de suite la supériorité de l’arquebuse sur les armements japonais.
 
Attention, il ne faut pas penser que ce type d’armement est inconnu du Japon. En Corée, on connaît déjà les arquebuses. Toutefois, celles employées par les Portugais sont de meilleure facture. Sachant que les Japonais font à leur tour les améliorer, cela laisse rêveur.
 
Les Japonais apprennent en deux ans à peine à imiter les arquebuses portugaises, dans le but premier d’en produire. L’une des améliorations notables des Japonais étant une petite cache qui protège le bassinet rempli de poudre. Cela permet de la protéger de l’humidité (pratique pour un pays comme le Japon) et donc de tirer sous la pluie (je vous renvoie à une scène de Princesse Mononoké de Miyazaki, quand les loups attaquent le convoi du village des forges). Outre une amélioration de l’engin, les Japonais usent de nouvelles tactiques : une première ligne de tireur est à genoux, une deuxième ligne est debout. La première tire et recharge, pendant la recharge la seconde tire. On voit aussi ce genre de scène dans Princesse Mononoké.
 
Avec la venue de l’arquebuse dans le Japon, on assiste à un bouleversement radical dans le domaine militaire mais aussi dans l’ordre social. En effet, pour ce dernier point, qui utilise les arquebuses ? Les ashigaru bien sur. Cela leur donne encore plus d’importance.
 
Les armées deviennent aussi quasi-permanentes. D’un côté l’agriculture produit de plus en plus et de l’autre, on met en place un système de conscription (chaque seigneur sachant combien de soldats ses vassaux doivent lui fournir).
 
Les armées deviennent gigantesques, des dizaines de milliers de soldats s’affrontent parfois. En 1590, 160 000 Japonais sont envoyés en Corée. En Europe, la plus puissante armée de l’époque étant celle de l’Espagne, 30 000 hommes et quelques centaines d’arquebuses. La différence Japon/Europe, et encore aujourd’hui, étant une organisation bien menée pour le Japon. On assiste à l’établissement d’un commandement solide, de communications performantes, d’un système de manœuvres de masse, d’un usage important des armes à feu et l’élaboration de forteresse. Cela nous fait sourire de penser à Pavie en 1525 en Italie. François Ier de France, grâce à sa puissante artillerie, écrase les armées impériales (Saint Empire Romain Germanique). Mais ce dernier décide d’une charge de cavalerie pour la gloire. Les canons se taisent et les Français chargent des fantassins armés de piques et couverts par les arquebuses et l’artillerie impériale. Le désastre est total. Je choisis cet exemple pour montrer la différence Europe/Japon, dans le domaine militaire, pour le XVIème siècle.
 
Ainsi les arquebusiers se tiennent derrière des panneaux de bois. Devant eux, les fantassins armés de piques retiennent ou repoussent les charges de cavaleries. Sur les ailes, les cavaliers peuvent empêcher l’encerclement ou encercler l’armée ennemie. Cela est classique mais fonctionnel et très efficace. On prévoie certaines grandes manœuvres par avances, les ordres sont donnés et transmis par des tambours ou des conques ou encore des signaux grâce aux drapeaux de couleurs). Les samouraïs combattent à pied, ils encadrent les ashigaru.
 

Cependant, à la fin de cette période, les samouraïs vont encore se transformer. Avec l’unification du pays et l’établissement d’une paix durable au début du shogunat Tokugawa, les samouraïs deviennent des fonctionnaires. 


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MessageSujet: Re: Une petite histoire des guerriers samouraïs. Une petite histoire des guerriers samouraïs. Horlog10Mer 20 Jan 2016 - 20:52

Désolé pour le double poste mais je continue donc sur mon sujet. 

II) La révolution militaire du XVIème siècle : Europe et Japon.
 
A) De l’arquebuse vers de profonds changements sociaux.
 
1525, Italie, Pavie. La cavalerie lourde française est taillée en pièce par l’artillerie et les arquebusiers impériaux.
 
1575, Japon, Nagashino. La cavalerie lourde de Takeda est taillée en pièce par les salves meurtrières des arquebusiers d’Oda Nobunaga.
 
50 ans et 10 000 km séparent les deux événements. Cependant, la comparaison est étonnante. Nous sommes dans la « révolution militaire », une expression que l’on doit à l’historien britannique Geoffrey Parker.
 
Au Japon, l’apparition des armes à feu est précédée par une mutation socio-politico-militaire qui voit apparaître et monter en puissance une infanterie populaire (ashigaru). Les ashigaru étaient à la base, recrutés parmi les populations paysannes. Mais avec ce rôle croissant des ashigaru dans la guerre, on assiste à une ouverture sociale. Les samouraïs ne suffisent pas pour encadrer tous les ashigaru, ils ne sont pas assez nombreux. La seule solution pour réglée ce problème étant d’assurer la promotion sociale d’hommes du peuple. Peu à peu, les samouraïs perdent le monopole de la guerre.
 
Si l’arquebuse connaît un tel succès au Japon, c’est aussi à cause de l’usage des ashigaru dans la guerre. En effet, cette arme permet d’armer vite et bien une armée importante. L’arquebuse est copiée, améliorée, son maniement est simple et il s’apprend plus vite que l’arc. Ainsi cette arme se répand rapidement dans l’archipel. Les ashigaru, qui ont maintenant l’habitude de faire la guerre, comprennent quels sont leurs points faibles, une fois cette analyse effectuée, on peut s’améliorer pour palier à ses faiblesses. Ainsi, pour compenser un rechargement lent, la technique de « feu roulant », déjà décrite par mes soins dans le I) C), est inventée et appliquée sur les champs de bataille.
 
Chose qui peu surprendre, si l’arquebuse se développe au Japon, l’artillerie ne connaît pas le même succès. L’usage de canons est attesté pour attaquer/défendre des forteresses mais guère plus. Au Japon, comme en Europe, les forteresses évoluent. Elles sont construites sur des soubassements qui sont inclinés et quasiment invulnérables, le but étant d’absorber le choc des projectiles comme les boulets. Au sein des forteresses, on trouve des garnisons importantes de soldats. Toutefois, les forteresses japonaises, à la différence de l’Europe ou de la Chine, n’entourent jamais les villes.
 
Les ressources du pays sont presque toutes mobilisées pour l’effort de guerre. On comme à voir apparaître des corps de soldats spécialisés, bien loin des samouraïs, comme la logistique ou le génie. Il faut commander, planifier, concentrer des forces, acquérir de la mobilité. Tout cela entraîne d’autres changements, comme le développement d’un réseau routier. Cela sert aussi les artisans et les marchands.
 
La tactique évolue à son tour, ce qui entraîne des répercussions conséquentes sur les structures sociales japonaises. En effet, afin d’optimiser le feu, il est nécessaire que les arquebusiers, les fantassins, les archers, la cavalerie et les samouraïs apprennent à manœuvrer/combattre ensemble et non séparément. Cette coopération passe par un éclatement des liens féodaux au profit d’une identité militaire qui se lie de plus en plus à l’État.
 
Un exemple phare et bien nippon : Hideyoshi (qui succède à Nobunaga), doit son succès à sa capacité de mélanger dans ses unités, des hommes de diverses origines. Son organisation n’est plus celle du regroupement en fonction des liens féodaux. Tout le monde se mélange, tous apprennent à œuvrer ensemble, cela permet de créer des liens plus solides qu’un système féodal. Si avant on avait un seigneur et son armée, à côté d’un seigneur et de son armée etc sous les ordres d’un seigneur plus important, nous avons maintenant une armée pleine et entière sous les ordres d’un seul maître.
 
B) La peur du nombre.
 
Là où la comparaison Europe/Japon prend, est la fin prématurée de la « révolution militaire japonaise. Elle s’achève dès le XVIIème siècle. Les élites japonaises prennent peur. Elles prennent conscience qu’une masse de fantassins, même fidèle, est le terreau idéal pour une révolution sociale. Cette peur qui anime les élites nippones, est aussi l’une des raisons qui pousse l’aristocratie à en terminer avec les guerres civiles et à unifier le pays.
 
En 1615, la paix revient. Elle commence avec l’unification politique du pays sous le contrôle du shogun Tokugawa Ieyasu.
 
L’aristocratie médiévale, turbulente et encore violente, devient un rouage essentiel de l’administration. Celle-ci passe sous le contrôle des samouraïs qui deviennent donc des fonctionnaires. Ces derniers en profitent pour s’accaparer le droit du port exclusif des armes.
 
Ainsi prend fin le processus de modernisation militaire et social. Il ne reprendra que son l’ère Meiji. Finalement, la « révolution militaire » japonaise ne dépasse pas le cadre martial. Si en Europe, on assiste à la naissance du capitalisme (du moins son développement à des échelles inégalités jusqu’alors), à l’émergence de nouvelles classes sociales (comme la bourgeoisie), la Japon lui, n’a rien de tout ça. Autre différence entre le Japon/l’Asie et l’Europe : au Japon/en Asie, il n’y a aucune réflexion intellectuelle et théorique sur la technique, il n’y a pas non plus d’apparition de la pensée scientifique aboutissant à l’ingénierie.
 

Ainsi donc les samouraïs et l’aristocratie médiévale parviennent à mettre fin à des transformations importantes. Cela passe par un renoncement de la guerre pour les samouraïs qui connaissent une nouvelle et très importante transformation, sans doute la transformation la plus importante. 


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MessageSujet: Re: Une petite histoire des guerriers samouraïs. Une petite histoire des guerriers samouraïs. Horlog10Mer 20 Jan 2016 - 20:53

III) Fin d’une caste et héritage.
 
A) Influence étrangère sur le Japon et état des lieux de la société nippone.
 
8 juillet 1853, Japon, Edo. Le commodore Matthew Perry, un américain, arrive avec sa flotte et réclame l’ouverture commerciale du Japon pour les pays étrangers (commerce interdit depuis le XVIIème siècle). Le commodore n’hésite pas à faire tirer ses canons, armés d’obus explosifs, pour impressionner un pays qui en est resté aux bombardes du XVIIème siècle. Les navires du commodore fonctionnent à la vapeur, pas besoin de vent, technologie que l’on ne trouve pas au Japon. Le phénomène choquant le plus étant que chaque homme d’équipage porte un fusil. Au Japon, depuis la fin de la « révolution militaire », seuls les samouraïs pouvaient porter les armes.
 
Le shogun Tokugawa Ieyoshi décède le 28 juillet 1853. Il n’a pas le temps de résoudre ce problème qu’il lègue à son successeur, Tokugawa Iesada. Mais ce dernier est faible. Et il doit faire face à un terrible dilemme : conserver le monopole du port des armes aux samouraïs ou distribuer des armes à chaque homme en âge de servir militairement.
 
Encore une fois, il est impossible d’envisager une analyse sans passer par le volet social. Il ne s’agit pas d’une simple réforme militaire. Une armée de conscription demande une refonte de la société dans les domaines du social, de l’économie et du politique. Politique et social, on voit bien. Une question d’égalité entre les individus et perte de pouvoir et de prestige pour les samouraïs. La question économique est une autre histoire, une armée moderne doit nécessairement reposer sur une industrie solide.
 
Depuis deux siècles le Japon est véritablement coupé du monde. Après la terrible révolte chrétienne et sa fin malheureuse de 1638, le Japon condamne à mort le moindre contact avec un étranger, les idées neuves sont jugées dangereuses. En effet, à cause du christianisme et de certaines idées égalitaires, une partie de la population japonaise s’était révoltée contre la hiérarchie du pays. L’histoire se termina dans un bain de sang.
 
Donc le Japon n’a pas évolué depuis deux siècles et l’arrêt de la « révolution militaire » et l’écrasement de la révolte chrétienne. Tout semble figé, en retard sur le reste du monde. Tout est très hiérarchisé, le pouvoir appartient à des groupes encrés dans cette hiérarchie :
 
- tout en haut, on trouve les grands seigneurs ou daimyos. Ils gèrent leurs domaines comme de petits États indépendants du pouvoir central. Tous les daimyos ne sont pas égaux, les alliés aux Tokugawa, encerclent les fiefs d’anciens vaincus ;
 
- le shogun compte avant tout sur la fidélité de ses généraux (que l’on nomme des hatamoto, signifiant « sous la bannière ») et de leurs troupes ;
 
- on trouve des gokenin, des chefs de guerre inférieurs. Ils sont tellement peu considérés qu’ils ne méritent même pas d’avoir audience auprès du shogun, ils doivent passer par un intermédiaire ;
 
- les samouraïs, sont au service de tous ces chefs, ils représentent 10 à 15% de la population (un chiffre à ne pas négliger).
 
Les samouraïs sont-ils toujours des guerriers ? Ils portent les deux sabres qui montrent leur appartenance à la caste guerrière mais ils n’ont pas combattu depuis deux siècles. Ils sont fonctionnaires : juges, maîtres d’école, collecteurs des taxes prélevées sur els paysans, ils gèrent le commerce et l’agriculture ou encore l’entretien des routes. Pour ceux qui sont au service d’un daimyo, si celui-ci est absent (car auprès du shogun), ces samouraïs ont toute liberté pour gérer le fief et ses caisses. Nous avons à faire à des intellectuels, des lettrés, mais qui cherchent à mettre leurs connaissances à profit dans la bonne exécution de leurs tâches diverses. Nous sommes donc très loin de l’image très mauvaise, des samouraïs, donnée par ce film atroce qui est Le dernier samouraï.
 
Toutefois, avant même l’arrivé du commodore Matthew Perry, la société japonaise présente des signes annonciateurs d’une crise. Le Japon est fermé sur lui-même, sans contact ni commerce avec l’étranger. L’agriculture ne produit pas assez pour tous et le commerce est à bout de souffle. Le fonctionnement en circuit fermé n’est plus adapté à la réalité du Japon de l’époque. Ces facteurs provoquent une stabilisation de la population paysanne alors que le nombre de samouraïs, bénéficiant de toutes les ressources nécessaires, ne cesse de croître. Cependant, de nombreux clans sont ruinés, à cause des dépenses faites et beaucoup de samouraïs sont sans emploi et se déclarent alors sans maître (ronin).
 
B) Un shogunat contesté.
 
Les ronin, aussi nommés les déclassés, sont de plus en plus persuadés que leur situation résulte de la mauvaise gestion des Tokugawa. Ainsi certains commencent à rêver de révolte et de renversement du shogun.
 
Le nouveau shogun, Tokugawa Iesada, est un faible comme déjà précise plus tôt. Il consulte les daimyos sur l’attitude à adopter à propos du commodore Matthew Perry. Ici, nous avons un signe évident de sa faiblesse. La réaction des daimyos, envers l’américain, sont hostiles. Ils ne veulent aucun accord d’aucune sorte avec des étrangers. Toutefois, ces derniers ont conscience de la faiblesse militaire du Japon de ce temps. Les daimyos se disent partisans pour l’émergence d’un pouvoir fort autour de la personne de l’empereur. Cela irait au détriment du shogun. Bientôt, les samouraïs vont entrer dans la danse, histoire de complexifié un peu plus une situation déjà très tendue. 20 ans passent, avec des conflits divers du bas en haut de la hiérarchie japonaise. Guerre civile, assassinat, bref, voilà le genre de joyeusetés que connaît le Japon durant ces années. Différents camps sont en opposition : parti pro-impérial, ronin, parti anti-étrangers etc. N’oublions pas les occidentaux, qui, durant ces années, mènent parfois des assauts sur les positions nippones. D’ailleurs, ces attaquent vont convaincre certains daimyos que pour riposter face aux occidentaux, il faut une armée égale aux leurs.
 
On commence à copier le fonctionnement des régiments prussiens. Ainsi, commence-t-on à voir, des troupes armées en-dehors de la caste des samouraïs.
 
Durant cette période troublée, de grands daimyos disparaissent, souvent remplacés par de jeunes samouraïs.
 
En 1867, nous avons une année essentielle pour l’histoire japonaise. Non seulement le Japon dispose d’un nouvel empereur, Meiji, mais en plus le nouveau shogun, Tokugawa Yoshinobu, conscient du retard technologique et militaire du Japon, obtient de l’empereur Napoléon III une mission militaire et plus de 100 000 fusils.
 
1868, les troupes armées à l’européenne et sous les ordres des clans Choshu et Satsuma, armés de canon Krupp et de mitrailleuse Gatling, déciment les soldats du shogun. Il y aura encore un peu de résistance chez les soutiens du shogun, en vain, ce système est terminé. Cependant, les jeunes samouraïs qui soutenaient l’empereur vont être rapidement déçus. En effet, pour l’empereur Meiji et son ministre de la guerre (Omura Masujiro), la priorité est de donner au Japon une défense forte et moderne, qui repose sur l’industrie et l’armement à l’occidental. L’idée est de recruter des paysans, de les former, d’en faire des soldats, des soldats qui porteront des armes. Les samouraïs sont furieux, en 1869 ils tuent le ministre de la guerre.
 
Toutefois les réformes lancées par le gouvernement continuent, sans se préoccuper de la colère des samouraïs. En 1870, est instaurée la conscription des hommes de 20 à 30 ans. En 1872, la conscription concerne les hommes de 17 à 40 ans. On entraîne ces hommes à la prussienne. Dans les mêmes, le gouvernement cherche à neutraliser la caste des samouraïs. Les samouraïs perdent ce qui faisait d’eux une classe privilégiée dans la société nippone. Ils n’ont plus le monopole du port des armes par exemple, ils perdent aussi leurs pouvoirs judiciaires et le droit de donner la mort à un roturier irrespectueux. On interdit le chignon, symbole de la caste des samouraïs (voir Le dernier samouraï). Encore une fois, se sont les jeunes samouraïs qui vont faire parler d’eux. Ils ont mené l’empereur au pouvoir, ils ont défait le shogun, mais en retour ils n’obtiennent rien sinon la fin de leurs privilèges. Malgré des soulèvement, le gouvernement continue de plus bel ses réformes. En 1876, le port du sabre est interdit, un samouraï qui en porte peut aller en prison.
 
Les samouraïs vont se contrer à Kagoshima, la capitale du fief Satsuma. Début 1877, une rébellion éclate. Menée par un dénommé Saigo Takamori, les samouraïs pensent marcher sur Tokyo et faire plier l’empereur. Saigo est sans plan de bataille, persuadé que les samouraïs vont écraser l’armée moderne. L’inverse se produit, son armée est écrasée et les survivants se lancent une ultime charge, histoire de mourir en combattant, l’arme à la main. Le révolte de Satsuma ne se résume pas en une seule bataille, l’histoire est plus complexe. On a 40 000 samouraïs contre 300 000 soldats impériaux. Certes les samouraïs dominent le combat à l’arme blanche, mais sans canons ni fusils, ils étaient perdus par avance. L’armée impériale, à la différence de Saigo, utilise une stratégie, qui paye car la victoire est obtenue après plusieurs mois. L’armée impériale évite les affrontements avec les samouraïs, on cherche à les encercler, à disperser l’armée ennemie et à créer de petites poches de résistances que l’on canarde. Au final, la dernière charge n’est menée que par 300 samouraïs. Ainsi prend fin une guerre civile, elle cause 70 000 morts.
 
C) L’héritage samouraï dans l’armée moderne.
 
Malgré la défaite de Satsuma, certains samouraïs demeurent. Des assassinats continuent, notamment de ministres. Le gouvernement opte pour une réconciliation. En 1891, Saigo est pardonné de ses crimes et même anobli de manière posthume.
 
Le ministre de la guerre Yamagata, véritable père de l’armée impériale, cherche à créer un esprit de corps dans l’armée. Cela passe par une morale. Pour cela, Yamagata pioche dans le mythe samouraï. Certains samouraïs, se retrouvent bien placés dans la nouvelle armée. Ainsi l’Académie militaire est dirigée par des samouraïs. Pour le nouveau corps des officiers, on recrute parmi les membres de la caste disparue. Beaucoup d’officiers, viennent de familles de samouraïs du Nord du Japon. Ces familles qui étaient dans la révolte de Satsuma et qui par la suite, vont encore défier le pouvoir impérial. Ainsi, Ishiwara Kanji s’empare de la Mandchourie (Chine) sans l’accord impérial (1931). Autre officier originaire de ces familles, Yamamoto, amiral et instigateur de l’attaque de Pearl Harbor.
 
Ces descendants de samouraïs, adeptes du bushido, ultranationalistes et victimes de leur propre propagande, vont mener le Japon vers le désastre de 1945. 


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MessageSujet: Re: Une petite histoire des guerriers samouraïs. Une petite histoire des guerriers samouraïs. Horlog10Mer 20 Jan 2016 - 20:53

IV : un mythe sans cesse renouvelé depuis la fin de la caste guerrière.
 
A) Une première mythification des samouraïs.
 
On a, en règle générale, la vision suivante des samouraïs : un guerrier qui est lettré, qui manie le pinceau avec la même dextérité que le sabre, on voit en lui un maître juste et loyal, qui vie pour respecter le bushido. Le samouraï est prêt à mourir pour l’honneur. C’est l’image que l’on connaît des samouraïs, une image qui depuis le XIXème siècle circule de différentes manières et sur maints supports. Toutefois, cette image ne correspond pas aux samouraïs pour la majorité de leur histoire. Cette image, qui est née de la réinvention de la caste guerrière japonaise à partir du XVIIème siècle, n’est donc qu’une ultime transformation de la caste. Mais même vers sa fin, cette image idyllique est parfois bafouée, principalement par les ronin, adaptes du crime et de la violence.
 
Avec la fin des guerres civiles japonaises, l’unification du pays, les samouraïs se retrouvent … au chômage. Leurs pratiques guerrières les font passer pour des décadents. Les seules activités martiales qui demeurent sont les écoles d’arts martiaux qui se multiplient. Déjà ici, avec cet exemple, on a une réinterprétation de l’image du samouraï. Sans travail, les samouraïs doivent donc évoluer. Pour les plus riches, on devient relais du pouvoir, fonctionnaires, courtisans etc. Pour les plus pauvres, on devient professeurs des classiques, de philosophie, érudits, médecins etc.
 
Cette réinterprétation, intervient au départ via des écrits. Avant l’avènement des Tokugawa, les traités portent avant tout sur les vertus militaires (bushi). Après cet avènement, les traités vont porter sur de nouveaux éléments : on justifie le statut social des samouraïs par leurs vertus et leurs valeurs, qui ne sont plus que guerrières. Ainsi apparaît dans le même temps le fameux bushido, présenté comme une caractéristique des samouraïs depuis toujours, alors qu’il vint juste d’être finalisé.
 
Non seulement les ouvrages mythifient la caste pour justifier un statut social supérieur, mais en plus ils cherchent à définir son fonctionnement. Même si le côté martial n’est pas oublié, il devient nécessaire, avec la paix civile, de policer le comportement des samouraïs. Ainsi, on passe d’un comportement turbulent à un comportement plus posé, plus serein, plus pacifique.
 
B) Samouraïs et nationalisme.
 
Avec la disparition officielle de la caste guerrière et l’établissement d’une armée impériale, on assiste à une nouvelle mythification des samouraïs.
 
Non seulement la figure du samouraï connaît un vif succès à l’étranger, surtout en Occident. En effet, le bushido fait penser aux chevaliers européens idéalisés dans certains mythes par exemple. En Europe, au XIXème siècle, on connaît la redécouverte romantique de la féodalité. La figure du samouraï, telle est décrite dans le bushido, devient très populaire en Europe.
 
Au Japon, au sein même de l’armée impériale, nous avons tout un creuset qui permet l’apparition d’un esprit samouraïs, ou du moins qui se réclame comme tel.
 
D’un côté, la caste guerrière est défunte, de l’autre on fait d’elle un symbole d’unité et d’identité nationale.
 
En 1882, l’empereur Meiji fait proclamer un « Rescrit impérial aux soldats et aux marins ». Ce texte reprend de nombreux points du bushido. Des valeurs qui étaient jadis celle des samouraïs, deviennent alors celles des soldats. Toutefois, l’empereur mélange les idées du bushido avec des valeurs de la chevalerie occidentale, principalement pour fonder une obéissance totale envers sa personne. L’empereur, fait de son armée, une armée de fidèles envers l’empereur mais aussi une armée qui doit respecter les inférieurs (encore de la pensée occidentale ici). L’empereur reprend les idées de sacrifice pour l’honneur et les transforme en sacrifice de l’individu pour le salut de l’État (ce qui donnera des années plus tard, les fameux kamikazes).
 
Ainsi donc, les idées samouraïs servent le nationalisme japonais de cette fin XIXème et début XXème siècle. Ces idées et ce nationalisme triomphent lors de deux guerres : la guerre sino-japonaise (1894 – 1895) et la guerre russo-japonaise (1904 – 1905). Les victoires nippones sont aussi les victoires de l’esprit samouraï combiné aux armes modernes. Ainsi sont présentées les choses au Japon.
 
La mythification samouraï va ensuite toucher le reste du monde, avant de revenir au Japon avec des idées non japonaises. L’un des éléments clés de cette nouvelle histoire, est le livre de Nitobe Inazo, Bushido : The Soul of Japan, en français, Bushido : l’âme du Japon. Ce livre date de 1900. L’auteur, bien que Japonais, est un chrétien qui vit aux USA et marié avec une américaine. L’auteur condense dans cet ouvrage les traités de l’ère Edo, mais avec un remaniement profond pour correspondre à une audience occidentale.
 
L’ouvrage devient un véritable best-seller mondial. Il alimente un certain « japonisme » touchant les élites artistiques, politiques et militaires occidentales. On reprend les concepts martiaux, au service des conservateurs et des nationalistes. Les artistes, eux, s’intéressent à la figure du guerrier-poète-calligraphe. Les pays européens ne vont pas hésiter à s’approprier certaines valeurs samouraïs pour se rapprocher du Japon, dans le but d’alliances militaires. Les Allemands, par exemple, perçoivent dans le Japon un modèle militaire identique au leur alors que les Britanniques voient dans l’Empire du soleil levant un équivalant de leur propre empire.
 
Dans les années 1920, l’esprit samouraï version Meiji se transforme en une vision fascisante. Le radicalisme touche l’armée. Les officiers prennent pour excuse les vertus du bushido pour légitimer leur insolence et leur brutalité mais aussi la manière dont-ils s’imposent sur l’empereur en personne. Ils mettent en avant l’honneur, la fidélité, tout en trahissant un empereur qui reste dans l’incapacité d’agir. Le mythe samouraï est mis en avant, comme un bouclier, contre des valeurs étrangères comme le socialisme et le communisme. L’esprit samouraï est aussi utilisé pour légitimer la prise de pouvoir de ces défenseurs de l’État autoproclamés. Le Japon est dès lors dirigé par une clique militaire fanatisée, une clique divisée, comme autant de fief au temps de la féodalité japonaise. Cela reste incompris des occidentaux, qui voient dans le Japon, une nation de fanatiques au service de l’empereur. D’ailleurs, au Japon on constate un phénomène similaire. La propagande officielle des véritables dirigeants de l’Empire, caricature les principes du bushido pour les transformer en une idéologie destinée à endoctriner le bas peuple. 
En 1941, après la défaite américaine face aux armées japonaises, le bushido est transformé en un texte faisant l'apologie de la barbarie par les occidentaux. Ainsi trouve-t-on le seul moyen pour expliquer comment une armée occidentale a été battue par les Japonais ... et on passe sous silence le sacrifice d'une flotte entière et d'un plan machiavélique du président des USA pour trouver un prétexte pour casser le Japon. 
C) Quel héritage de l’esprit samouraï après la Seconde Guerre mondiale ?
 
Le mythe de l’esprit samouraï va revenir en force, depuis l’étranger, dans les années 1960 – 1970. Le miracle économique japonais de ces années, est expliqué par les occidentaux pas un certain état d’esprit purement nippon. Cet esprit toucherait, selon les occidentaux, les cadres des entreprises japonaises. En même temps, des valeurs reprises du bushido sont enseignées dans le management. De plus, le succès de plus en plus croissant des arts martiaux achève de donner l’image actuelle du samouraï, aussi bien au Japon qu’à l’étranger : un guerrier tout aussi exotique que romantique. Toutefois, un penchant violent vient entacher cette image.
 

Dernièrement, avec des tensions de plus en plus vives en Asie, entre le Japon, la Chine et les deux Corées, on constate un retour du nationalisme à Tokyo. Ce nationalisme cherche à redonner de la crédibilité à l’image suivante : le Japon est un pays de samouraïs. Ce nationalisme s’explique non seulement pas des tensions géopolitiques mais aussi par une crise sociétale profonde : on constate un certain désenchantement au sein des Japonais, une rupture générationnelle profonde, une crise culturelle (tradition VS occidentalisation). Comme pour les années 1920, les crises politique et sociale poussent à s’intéresser à l’histoire nationale d’une manière mythifiée.  


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